Le Guide du Voyage en stop (Partie 3)

Faire du stop en france
« Quand il y a le choix, l’autoroute est le plus rapide. Quand on vous prend c’est pas pour 10 km. Une conséquence est que le temps moyen partagé avec votre chauffeur va être plus long que sur route. »

Le moment : attention aux samedis, dimanche et autres jours fériés où les humbles travailleurs professionnels de la route sont remplacés par des hordes de congés payés au volant de voitures remplies à ras bord de sièges auto parlants et geignants et de leurs matériels nécessaires afférents : bouffe célophanée, glacières pleines de boissons rotantes, illustrés signés Hollywood ou Bayard presse. Ces gens qui se rendent par autoroute au calme n’ont généralement pas de place pour vous. Il me semble que la différence week end / semaine est plus criante sur autoroute que sur route.

Météo : au niveau du confort, sauf goût particulier, la pluie n’est pas terrible. Pour le taux de prise, il est possible que ceux qui ne vous prennent pas parce qu’il pleut soient plus que remplacés par ceux qui ne vous auraient pas pris s’il faisaient beau. Plusieurs fois, pris sous la pluie, on m’a dit « d’habitude je ne prends pas de stoppeurs mais je ne peux pas vous laisser sous la pluie ». Ceci marche probablement mieux si vous n’êtes pas sous abri.

Le chemin : quand il y a le choix, l’autoroute est le plus rapide. Quand on vous prend c’est pas pour 10 km. Une conséquence est que le temps moyen partagé avec votre chauffeur va être plus long que sur route. Personnellement, je trouve ceci plus agréable même si les micro-rencontres ont aussi leur charme. Par contre vous pouvez être plus facilement en galère sur une rocade d’une grosse ville que vous ne connaissez pas et il est plus difficile d’éviter les villes.
Le gros avantage des toutes petites routes à mon avis: il n’y a pas vraiment de galère car si vous n’êtes pas pris, vous vous promenez peinard dans la cambrousse, il n’y a pas de voitures, vous verrez plus de petits villages et trouverez plus facilement un bon coin où dormir, manger, flaner que par autoroute… Alors que quand vous passez du temps au milieu de grands axes, l’attente est infernale. En gros, plus le débit est grand, plus le taux de prise est petit. Il ne faut donc pas avoir une peur bleue des petites routes, leur défaut est plus de faire des petits sauts que de devoir attendre longtemps la voiture salvatrice.
Les preneurs de stoppeurs ne sont pas les mêmes en fonction des axes : moins de voiture pourries sur autoroute (la probabilité d’être pris est globalement fonction inverse de la qualité de la bagnole) mais plus de pro (routiers, vrp, …) qui ont de la place.

Quelle dégaine ? La psychologie des totomobilistes n’est pas toujours évidente à connaître. Il semblerait qu’ils aient moins peur d’un babs que d’un minet. Mais faut pas paraître trop crade. Il faut donc peut être à la fois paraître paisible (le babs ne mord pas) et propre sur soi. Y parait que la guitare, malgré son encombrement est un facteur favorable. Les fois où j’ai fait du stop habillé plus mieux que d’habitude et sans gros sac à dos, je n’ai pas spécialement remarqué de miracles, voir le contraire, c’est dur à dire. Mon expèrience est celle d’un homme blanc, ces deux qualificatifs étant à mon avis important dans le stop.

Comportement. Votre chauffeur n’a pas forcément les mêmes critères de bienséance que vous, c’est sympa de ne pas l’oublier. De plus, si votre chauffeur passe un bon moment avec vous, il y a plus de chances qu’il reprenne des stoppeurs à l’avenir.

Propagande :

– Le stop permet de rencontrer plein de gens dont un paquet que l’on ne rencontre pas forcément dans sa vie habituelle. Par exemple, l’angoissée de la sécurité qui prend les stoppeurs « pour qu’ils ne leur arrive rien », elle a peur pour nous, sympa, non ? Ou celui qui parle de millions de tonnes de je ne sais quoi pendant son coup de fil. Ou le réducteur d’effectifs d’entreprises jugées en méforme, … Les stoppeurs ont généralement plein d’histoires intéressantes et sympathiques dans la tête.
Outre vos chauffeurs, vous aurez des employés de péage, des membres des forces de sécurité de notre république démocratique ou de simples passants qui vous souhaiteront bonne chance, vous salueront, vous sourieront. Et vous aurez des moments tout seul, à attendre ou à marcher, à pester, à réfléchir, à rêver, à improviser. Bref, quand vous faites du stop, tout n’est pas écrit, le déplacement fait partie du voyage, vous ne faites pas une simple téléportation d’un point à un autre.

Le stop est un moyen de transport écololo, puisque vous ne rajoutez pas de km / véhicules parcourus (excepté les petits détours que certains feront pour vous, cela me parait négligeable), contrairement aux transports homogénéisants ou bien sûr, à votre bagnole individuelle.
De la même manière, le stop préserve la sécurité puisque vous ne rajoutez pas de véhicules.

Bien entendu, le stop est un moyen de déplacement économique, vous pouvez donc bosser un peu moins et produire un peu moins.

Faites du stop, vous faciliterez le stop. En effet, je crois que plus il y aura de stoppeur, plus chaque stoppeur sera pris facilement car il y aura alors une plus grande habitude du stop. Chacun connaitra plus facilement quelqu’un qui fait du stop (un nombre impressionnant de preneurs de stoppeur vous disent soit « je prends les stoppeurs parce que j’ai fait du stop, je sais ce que c’est », soit « je prends les stoppeurs car mon fils fait du stop … ») Banalisons le stop.

Pour les puristes, le stop utilise des totomobiles et le réseau qui va avec, en mieux, il reste le vélo, les pieds, la rame (pas de métro), la voile et bien sur, moins se déplacer.

– Pour les militants*, le stop est un excellent moyen de colportage de ce que vous voulez. Vous pouvez si vous le voulez essayer d’orienter la conversation vers ce que vous souhaitez propagander. Cela étant, vous colportez en vivant votre vie, tout simplement. On voit un stoppeur, on parle avec lui. On s’aperçoit déjà que c’est possible de se déplacer en prenant plus de temps et moins de moyens, c’est déja beaucoup. On se déplace pas tout seul et en plus, avec un inconnu. Ca aussi, c’est beaucoup. Quand, en une journée, j’ai été pris par une dizaine de personnes, cela a plus d’effets que si j’avais écrits un article dans un torchon.

*militant, de militer. Militer (XIIIè, « faire la guerre » ; latin militari, de miles, -itis « soldat »). Mais cela n’a rien à voir avec le sujet.

Cet article fait partie d’une série d’article:
Guide du Voyage en stop (Partie 1)
Guide du Voyage en stop (Partie 2)


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